
Créer un roadbook moto, c’est reprendre le contrôle de l’expérience pour transformer une simple sortie en une aventure scénarisée, où chaque virage et chaque arrêt ont un sens.
- L’abandon du GPS au profit du papier est moins un retour en arrière qu’un acte de reconquête de l’attention et de la sécurité.
- La réussite d’un roadbook ne tient pas à la complexité de l’itinéraire, mais à sa capacité à raconter une histoire et à générer des émotions.
Recommandation : Commencez par scénariser un court itinéraire que vous pensez connaître par cœur ; vous y découvrirez une nouvelle dimension en le préparant manuellement, en vous concentrant sur le rythme et les points d’intérêt plutôt que sur la destination.
On a tous connu ça. Le sifflement de la voix robotique dans l’oreillette : « Dans 200 mètres, tournez à gauche ». La route défile, les paysages sont superbes, mais l’esprit est ailleurs, suspendu à la prochaine instruction. On arrive à destination, mais on a le sentiment d’avoir été un simple passager de la technologie, pas le pilote de notre propre voyage. La frustration est là, tenace : celle de suivre une trace sans âme, un itinéraire optimisé pour l’efficacité, jamais pour l’émotion. Beaucoup se tournent vers des applications communautaires pour trouver des parcours « tout faits », espérant y trouver ce supplément d’âme.
Mais si la véritable clé n’était pas de trouver le bon itinéraire, mais de le créer ? Si le secret d’une aventure mémorable ne résidait pas dans la destination, mais dans l’art de scénariser le chemin pour y parvenir ? C’est ici que le roadbook, ce « simple bout de papier », reprend ses droits. Loin d’être une relique du passé, il est l’outil ultime de l’architecte de l’aventure, celui qui décide de la chorégraphie des virages, du rythme des pauses et des secrets que la route dévoilera. Il ne s’agit plus de suivre, mais de diriger. De ne plus subir un trajet, mais de composer une expérience.
Cet article n’est pas un simple mode d’emploi. C’est le carnet de notes d’un vieux briscard, un partage de secrets pour vous apprendre à lire entre les lignes d’une carte et à y écrire vos propres histoires. Nous allons voir ensemble pourquoi ce bout de papier vaut tout l’or du monde, comment le créer sans être un pro, quels outils modernes peuvent le sublimer, et comment éviter les pièges qui transforment le rêve en galère. Préparez-vous à ranger le GPS au fond de la sacoche.
Pour ceux qui préfèrent un format condensé, la vidéo suivante résume l’essentiel des points techniques pour créer un itinéraire de qualité. Elle complète parfaitement la philosophie et les conseils plus poussés que nous allons aborder dans ce guide.
Pour vous guider dans cette démarche, nous avons structuré ce guide comme un roadbook : chaque étape vous mènera plus loin dans la maîtrise de cet art, de la philosophie initiale aux techniques les plus pointues.
Sommaire : De la carte à l’aventure, le guide complet du roadbook moto
- Pourquoi abandonner votre GPS pour un simple bout de papier ?
- Comment créer votre premier roadbook étape par étape, même si vous n’êtes pas cartographe
- Les applications et logiciels indispensables pour tracer des itinéraires qui sortent de l’ordinaire
- Les 7 erreurs de débutant qui transforment un roadbook de rêve en cauchemar sur la route
- Roadbook détaillé ou notes minimalistes : quel format choisir pour votre prochaine virée de groupe ?
- Au-delà du trait rouge : comment lire les virages, le dénivelé et le revêtement sur une carte
- Votre GPS vous ment : la formule pour calculer votre véritable heure d’arrivée
- La France, le plus beau terrain de jeu du monde pour le motard : le guide de l’exploration nationale
Pourquoi abandonner votre GPS pour un simple bout de papier ?
L’idée peut sembler folle à l’ère du tout numérique. Pourquoi s’encombrer de papier quand un écran peut tout faire ? La réponse, croyez-en un vieux rouleur, ne tient pas dans la technologie, mais dans la psychologie du pilote. Le GPS, par sa nature même, capte une ressource précieuse et limitée : votre attention. Chaque coup d’œil à l’écran, chaque attente d’une instruction vocale est un instant de moins à lire la route, à anticiper une trajectoire ou à repérer le gravier dans le virage. Or, cette attention est notre principale police d’assurance. Les chiffres sont brutaux : les statistiques de sécurité routière montrent que 22% des personnes tuées sur la route sont des motards, alors que nous représentons moins de 2% du trafic. L’enjeu n’est pas de se faire peur, mais de comprendre que chaque outil qui détourne notre regard de la route est un risque.
Le roadbook, à l’inverse, opère un changement radical. Il se consulte à l’arrêt, lors d’une pause, ou d’un rapide coup d’œil sur le réservoir. Il vous force à mémoriser une séquence, à visualiser le tracé en amont, à vous approprier la route. Vous ne suivez plus, vous interprétez. Ce processus mental renforce votre concentration sur l’essentiel : le pilotage, l’environnement, les autres usagers. Votre cerveau n’est plus en mode « réception d’ordres », mais en mode « analyse et anticipation ».
Au-delà de la sécurité, il y a l’expérience. Un roadbook bien fait est plus qu’un guide, c’est une invitation à l’immersion. Comme le souligne un témoignage, il transforme le voyage en y intégrant une dimension narrative. Il peut signaler « ce point de vue incroyable après le virage en épingle », « la petite boulangerie du village de X », ou « la portion de bitume refaite à neuf sur 5 km ». Il remplace la froideur d’un « tournez à droite » par la promesse d’une découverte. Le GPS vous mène d’un point A à un point B. Le roadbook vous fait vivre le chemin entre les deux.
Comment créer votre premier roadbook étape par étape, même si vous n’êtes pas cartographe
L’idée de créer son propre itinéraire peut intimider. On s’imagine des heures passées sur des cartes poussiéreuses avec un compas. Oubliez ces clichés. Créer un roadbook est avant tout un acte créatif, une « scénarisation d’itinéraire » accessible à tous. La méthode la plus simple et la plus gratifiante est celle de la narration inversée : ne partez pas d’un point de départ, mais d’une envie. Qu’est-ce que je veux vivre aujourd’hui ? Une chorégraphie de virages dans une forêt ? La quiétude d’une route qui longe une rivière ? La découverte de trois villages classés ?
Une fois cette « intention » définie, le processus devient un jeu de construction. Vous allez chercher sur une carte (numérique ou papier) les routes qui semblent servir votre scénario. Votre rôle n’est pas celui d’un cartographe, mais d’un « architecte de l’aventure ». Vous assemblez des segments, des points d’intérêt, des pauses, pour créer un rythme, une histoire cohérente. La technologie est votre assistante, pas votre maître. Elle vous aide à tracer, à mesurer, mais la vision créative reste la vôtre.
Le processus de création sur le terrain reste la méthode la plus pure, bien qu’exigeante. Elle consiste à transformer une reconnaissance en un guide pour les autres, ou pour soi-même. Voici les étapes fondamentales de cette approche artisanale :
- Le Repérage : Se rendre sur place et affronter l’itinéraire pour la première fois, sans autre guide que sa curiosité et une carte globale. C’est l’étape de la découverte brute.
- La Prise de Notes : Documenter chaque étape et chaque point important. Un carnet, un dictaphone, des photos… tout est bon pour capturer l’information essentielle.
- Le Marquage Précis : Noter les intersections, les changements de direction, les ronds-points, mais aussi les détails cruciaux : un panneau « stop » caché, un passage à niveau, une route particulièrement dégradée.
- L’Évaluation de la Difficulté : Estimer le niveau technique de chaque section. Est-ce un virage qui se referme ? Une pente raide ? Une portion rapide ? Cette information est capitale, surtout si le roadbook est partagé.
- Les Coordonnées GPS : Si vous le souhaitez, relever les coordonnées GPS des points clés (départ, arrivée, pauses, points de vue) peut servir de filet de sécurité.
- La Schématisation : De retour à la maison, mettre au propre ces notes. Schématiser l’itinéraire kilomètre par kilomètre pour le rendre facile à interpréter d’un seul coup d’œil, souvent avec le système « boule-flèche » bien connu des rallyes.

Comme le montre cette illustration, la création d’un roadbook est un artisanat qui mélange la rigueur de la planification et la créativité de l’exploration. Chaque note, chaque symbole est une information distillée pour garantir une expérience fluide et sécurisée sur la route.
Les applications et logiciels indispensables pour tracer des itinéraires qui sortent de l’ordinaire
Si la méthode papier a son charme, il serait idiot de bouder la technologie quand elle se met au service de l’aventure. Aujourd’hui, plusieurs outils numériques sont de formidables alliés pour l’architecte de l’aventure. Ils ne remplacent pas votre vision, mais ils vous donnent les moyens de la concrétiser plus facilement. Loin de la logique du « plus court chemin » d’un Google Maps, ces applications sont pensées par des motards, pour des motards. Leur but n’est pas l’efficacité, mais le plaisir.
Leur grande force réside dans des algorithmes conçus pour « penser moto ». Vous ne demandez plus un trajet, mais une expérience. Vous pouvez spécifier votre envie : « très sinueux », « rapide », « panoramique ». L’outil vous propose alors une « chorégraphie de virages » que vous n’auriez peut-être jamais trouvée seul. De plus, ces plateformes intègrent souvent une dimension communautaire, vous donnant accès à des milliers de parcours partagés par d’autres passionnés. C’est une source d’inspiration inépuisable, mais aussi un gain de temps précieux. Une application comme Liberty Rider, par exemple, a construit une communauté de plus de 2 millions d’utilisateurs, ce qui garantit une richesse et une diversité d’itinéraires inégalées, en plus de sa fonction phare de détection d’accident.
Le choix de l’outil dépend de votre philosophie. Certains, comme Calimoto, sont des puristes de la courbe, tandis que d’autres, comme Liberty Rider, mettent l’accent sur la sécurité et la communauté. MyRoute-app s’adresse quant à lui aux planificateurs experts qui veulent maîtriser chaque détail de leur trace. Voici un tableau pour y voir plus clair :
| Application | Prix | Points forts | Philosophie |
|---|---|---|---|
| Calimoto | ~40€/an | Algorithme de sinuosité, export GPX, GPS intégré | Plaisir pur – routes sinueuses |
| Liberty Rider | Gratuit | Détection d’accident, 11 000 roadbooks, alertes dangers | Sécurité et communauté |
| MyRoute-app | 19€/an | Planification expert, cartes hors ligne, Apple CarPlay | Planification experte |
Ces outils sont des assistants exceptionnels, mais n’oubliez jamais la règle d’or : une trace numérique doit toujours être validée par le bon sens et, si possible, par une reconnaissance. Un algorithme ne verra jamais les nids-de-poule, la route fraîchement gravillonnée ou le marché hebdomadaire qui bloque le centre du village.
Les 7 erreurs de débutant qui transforment un roadbook de rêve en cauchemar sur la route
On l’a tous été, ce débutant enthousiaste, grisé par la liberté, qui oublie un détail et le paie plus tard sur le bord de la route. Un bon roadbook n’est pas seulement un guide, c’est aussi un garde-fou. Il anticipe les problèmes et vous aide à éviter les erreurs classiques. Car, comme le dit l’adage motard, « il y a certains jalons par lesquels on passe tous un jour ». Le but est de les franchir avec le sourire plutôt qu’avec des ennuis.
La « scénarisation d’itinéraire » ne consiste pas seulement à trouver de belles routes, mais aussi à construire un rythme de voyage réaliste et sûr. C’est là que le bât blesse souvent. La plus grande erreur n’est pas de se tromper de chemin, mais de mal évaluer l’humain et la machine. Un roadbook parfait sur le papier peut devenir un enfer s’il ne tient pas compte de la fatigue, de la météo ou de l’état de la moto. L’art du roadbook, c’est de prévoir l’imprévisible.
Voici une liste des erreurs les plus courantes, souvent liées à un excès de confiance ou à une mauvaise préparation. Un roadbook bien pensé doit vous aider à contrer chacune d’entre elles :
- Erreur 1 : Sous-estimer l’importance de l’équipement de protection. Votre roadbook doit prévoir des pauses, et ces pauses sont l’occasion de vérifier que tout est en place et confortable.
- Erreur 2 : Se surévaluer et prendre des risques excessifs. En définissant des étapes réalistes, le roadbook évite de vous pousser à rouler au-dessus de votre niveau pour « rattraper le temps perdu ».
- Erreur 3 : Négliger l’entretien de sa moto avant le départ. La préparation du roadbook est le moment idéal pour faire une checklist mécanique : pression des pneus, niveaux, tension de la chaîne…
- Erreur 4 : Mal anticiper les conditions météorologiques. Un bon roadbook inclut souvent un itinéraire « bis » plus court ou moins exposé en cas de météo capricieuse.
- Erreur 5 : Rouler fatigué ou déconcentré. Le rythme des pauses prévues dans le roadbook est votre meilleur allié contre la fatigue. Ne les sautez jamais.
- Erreur 6 : Ne pas respecter les distances de sécurité. Particulièrement en groupe, où l’effet d’aspiration peut être dangereux. Le briefing d’avant départ, basé sur le roadbook, doit rappeler cette règle d’or.
- Erreur 7 : Planifier des étapes trop longues sans validation terrain. C’est l’erreur ultime du créateur de roadbook. 300 km de montagne ne « valent » pas 300 km d’autoroute.
Chacune de ces erreurs est une leçon. Un motard expérimenté n’est pas celui qui n’en commet aucune, mais celui qui a appris à les anticiper. Votre roadbook est la matérialisation de cette anticipation.
Roadbook détaillé ou notes minimalistes : quel format choisir pour votre prochaine virée de groupe ?
La question du niveau de détail est centrale dans la création d’un roadbook, surtout lorsqu’on roule à plusieurs. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, seulement un format adapté à une situation, à un groupe et à une philosophie de voyage. Le choix entre un script très directif et une trame laissant place à l’improvisation dépend de l’objectif de la sortie. Voulez-vous que tout le monde suive précisément la même « chorégraphie de virages », ou préférez-vous définir des points de ralliement en laissant chacun explorer à son rythme entre les deux ?
Un roadbook très détaillé, de type « rallye » avec le système boule-flèche, a l’avantage de réduire considérablement la charge mentale de la navigation pour les participants. Personne n’a besoin de se poser de questions, il suffit de suivre les notes. C’est un format extrêmement sécurisant, idéal pour les groupes avec des niveaux hétérogènes, notamment des débutants. Il garantit que personne ne se perd et que le groupe reste cohérent. Cependant, il a un inconvénient majeur : il reporte toute la responsabilité sur le créateur. La moindre erreur dans le roadbook peut envoyer tout le groupe dans la mauvaise direction. De plus, il peut être perçu comme rigide et laisser peu de place à l’exploration personnelle.
À l’opposé, un format minimaliste peut se contenter d’une carte avec l’itinéraire surligné, accompagnée de quelques notes sur les points de passage obligatoires (villes, cols) et les points de rendez-vous (pause déjeuner, station-service, point de vue). Ce format privilégie l’autonomie et la liberté. Chaque pilote ou petit groupe est responsable de sa propre navigation. C’est parfait pour des motards expérimentés qui aiment l’aventure et ne craignent pas de faire un petit détour imprévu. Le risque, bien sûr, est de perdre des membres du groupe ou de créer des frustrations si certains ne sont pas à l’aise avec la lecture de carte. Il est essentiel, dans ce cas, que chaque participant ait validé l’itinéraire en amont et dispose des outils nécessaires.
Le bon compromis dépend donc entièrement du groupe. La règle d’or est la communication : avant de préparer le roadbook, il faut discuter avec les participants pour comprendre leurs attentes, leur niveau d’expérience en navigation et leur envie d’autonomie. Un bon roadbook de groupe est avant tout un contrat de confiance, un accord sur la manière de voyager ensemble.
Au-delà du trait rouge : comment lire les virages, le dénivelé et le revêtement sur une carte
Savoir lire une carte topographique, c’est comme apprendre la « grammaire de la route ». C’est là que le motard-explorateur se distingue du simple suiveur de GPS. Le trait rouge sur une application vous indique un chemin, mais une carte IGN ou une carte spécialisée vous raconte l’histoire de ce chemin. Elle vous parle des virages qui vous attendent, des pentes qui mettront votre moteur à l’épreuve et vous donne même des indices sur la qualité probable du revêtement.
La clé de cette lecture, ce sont les courbes de niveau. Ces lignes fines et sinueuses qui parcourent la carte sont une mine d’or d’informations. Comme le rappelle un expert, « les courbes de niveau permettent de définir le relief et d’anticiper les sections qui seront physiquement exigeantes ». Si les lignes sont très espacées, le terrain est plat : attendez-vous à de longues lignes droites ou de grandes courbes rapides, souvent sur des routes bien entretenues. Si, au contraire, les lignes sont extrêmement resserrées, vous êtes face à une pente abrupte, une falaise ou un col de montagne. Cela signifie virages en épingle, forte sollicitation du moteur et des freins, et une concentration de tous les instants.
Le calcul de la pente est une compétence précieuse pour évaluer la difficulté d’un tronçon. Il permet de traduire les courbes de niveau en un pourcentage concret, bien plus parlant.
Exemple pratique : calcul de pente à partir d’une carte topographique
Imaginons une route de montagne. Sur la carte, vous mesurez une distance horizontale de 700 mètres entre deux points. Le premier point est sur la courbe de niveau indiquant 450m d’altitude, le second sur celle de 580m. Le dénivelé est donc de 130 mètres (580 – 450). La formule de la pente est (dénivelé / distance) * 100. Ici, (130 / 700) * 100 = 18,57%. Une pente de près de 19% sur 700 mètres, c’est un effort significatif, une section lente et technique qui influencera grandement votre vitesse moyenne et votre fatigue.
La forme de la route entre ces courbes de niveau est également révélatrice. Une route qui coupe les courbes de niveau perpendiculairement sera une montée ou une descente très directe et raide. Une route qui serpente en suivant plus ou moins les courbes sera une route de corniche, offrant des vues spectaculaires mais exigeant une vigilance constante. C’est en combinant ces informations – densité des courbes, tracé de la route, symboles de la carte (forêts, rivières, habitations) – que vous pouvez véritablement « visualiser » la route avant même de l’avoir prise.
Votre GPS vous ment : la formule pour calculer votre véritable heure d’arrivée
C’est sans doute la plus grande source de frustration et de danger : l’heure d’arrivée estimée (ETA) fournie par les GPS. Cet algorithme, calculé pour des voitures sur des trajets optimisés, est un pur mensonge pour un motard en balade. Il ne tient compte ni des spécificités de notre conduite, ni des pauses nécessaires, ni du type de route que nous choisissons délibérément pour le plaisir. Se fier à cet ETA irréaliste pousse à rouler plus vite, à sauter des pauses et à accumuler une fatigue dangereuse pour « tenir le timing ».
L’architecte de l’aventure doit donc jeter cet indicateur à la poubelle et calculer son propre ETA, un ETA basé sur la réalité du terrain et de la conduite moto. Le secret réside dans l’utilisation de vitesses moyennes réalistes, qui varient drastiquement selon le type de route. Croire qu’on va maintenir une moyenne de 90 km/h sur des départementales est une illusion. L’analyse des vitesses moyennes réelles à moto le prouve : on est plus proche de 60-70 km/h sur départementale, et à peine 50 km/h en montagne. Ces chiffres sont la base d’un calcul honnête.
Calculer une ETA réaliste n’est pas sorcier, mais demande de la méthode. Il s’agit d’additionner des temps de roulage et des temps de pause, tout en intégrant des marges pour les imprévus. C’est la seule façon de construire un « rythme de voyage » sain et agréable, pour soi-même et pour le groupe.
Votre plan d’action : Calculer une ETA réaliste
- Calculer le temps de roulage : Divisez la distance de chaque type de route (autoroute, départementale, montagne) par la vitesse moyenne réaliste correspondante.
- Ajouter les pauses fixes : Intégrez le temps pour le repas de midi (1h à 1h30), les pauses essence (15 min toutes les 2h-2h30) et les pauses hydratation/détente (10-15 min toutes les heures).
- Appliquer un buffer « imprévus » : Ajoutez systématiquement 10 à 15% au temps total pour couvrir les petits aléas (route barrée, arrêt photo non prévu, etc.).
- Intégrer le « Coefficient d’Aventure » : Si votre itinéraire est propice aux détours et à l’exploration, prévoyez une marge supplémentaire.
- Adapter selon l’expérience : Pour un groupe avec des débutants, réduisez les vitesses moyennes de calcul d’environ 10 km/h.
- Adapter pour le groupe : En groupe, la moyenne générale baisse naturellement. Réduisez-la d’environ 20 km/h par rapport à une sortie solo pour un calcul juste.
En appliquant cette formule, votre planning devient non seulement réaliste, mais aussi beaucoup plus confortable. Vous ne subissez plus le temps, vous le maîtrisez. Et cela, ça change tout au plaisir de rouler.
À retenir
- Le roadbook n’est pas un simple outil de navigation, mais un moyen de scénariser une expérience et de reprendre le contrôle de son aventure.
- La création d’un itinéraire réussi repose sur une intention claire (l’émotion recherchée) et une lecture fine de la carte (dénivelé, virages).
- Une heure d’arrivée réaliste se calcule en intégrant des vitesses moyennes honnêtes, des pauses obligatoires et une marge pour les imprévus, ignorant les estimations des GPS.
La France, le plus beau terrain de jeu du monde pour le motard : le guide de l’exploration nationale
On rêve souvent de destinations lointaines, de cols alpins suisses ou de routes côtières espagnoles. Pourtant, la France est sans doute l’un des plus beaux terrains de jeu au monde pour qui sait la regarder avec des yeux de motard. Sa diversité est une bénédiction : en quelques heures, on peut passer des courbes douces du bocage normand aux épingles serrées des Cévennes, des routes forestières des Ardennes aux balcons vertigineux du Vercors. Chaque région possède sa propre « grammaire de la route », son propre caractère.
Le véritable trésor, pour l’architecte de l’aventure, ne se trouve pas sur les grands axes connus de tous, mais dans ce que j’appelle les « territoires oubliés ». Des régions moins médiatisées, mais qui offrent une densité de routes sinueuses, des paysages préservés et une tranquillité devenue rare. Le Morvan, le Perche, les Cévennes, les Ardennes… Ces noms évoquent une France authentique, loin des foules, où chaque village traversé est une découverte. C’est le décor idéal pour des roadbooks axés sur le plaisir pur du pilotage et de l’exploration.

L’exploration nationale est un art qui demande de la curiosité. Il faut oser quitter les itinéraires recommandés, se fier à une carte détaillée plutôt qu’à une application, et accepter de se « perdre » un peu pour découvrir beaucoup. Parfois, la plus belle route d’un roadbook est celle qui n’était pas prévue au programme, ce petit trait blanc sur la carte qui se révèle être une merveille de bitume et de paysages. La France offre un réseau secondaire d’une densité incroyable, un véritable labyrinthe où il fait bon flâner.
| Région | Caractéristiques | Distance type | Points forts |
|---|---|---|---|
| Morvan | Forêts, lacs, routes sinueuses | 100-200 km | Routes calmes, nature préservée |
| Cévennes | Parc national, épingles, dénivelé | 200+ km | Paysages montagnards, virages techniques |
| Ardennes | Forêts, vallées pittoresques | 129 km | Villages agréables, routes boisées |
| Perche | Bocage, petites routes | 50-150 km | Tranquillité, découverte locale |
Que ce soit la célèbre Route des Crêtes d’Alsace ou une départementale anonyme du Cantal, le potentiel est infini. L’invitation est simple : prenez une carte de France, fermez les yeux, pointez un doigt au hasard. Il y a de fortes chances que vous ayez désigné le point de départ de votre prochaine grande aventure.
Alors, la prochaine fois que vous préparerez une sortie, posez-vous la bonne question. Ne vous demandez pas « où vais-je ? », mais « quelle histoire ai-je envie de vivre ? ». Prenez une carte, commencez à tracer, à noter, à rêver. Devenez l’architecte, le scénariste et le metteur en scène de votre propre aventure. Votre moto n’est pas qu’un moyen de transport, c’est la caméra qui filmera les souvenirs que vous êtes sur le point de créer.
Questions fréquentes sur la création de roadbooks moto
Comment adapter un roadbook à un groupe de motards débutants ?
Pour un groupe de débutants, la priorité est la sécurité et le confort. Il faut impérativement ajuster le parcours en privilégiant des routes au revêtement de bonne qualité, en évitant les portions trop techniques ou les dénivelés extrêmes. Il est aussi crucial de prévoir des étapes plus courtes et des pauses plus fréquentes. Le roadbook doit être très détaillé, de type « boule-flèche », pour minimiser la charge mentale de la navigation et permettre aux novices de se concentrer sur leur pilotage.
Faut-il vérifier un roadbook avant de le partager ?
Absolument. C’est une étape non négociable. Un examen détaillé de l’itinéraire avant de prendre la route épargne de multiples mauvaises surprises. Une reconnaissance sur le terrain est idéale, mais à défaut, une vérification minutieuse via des outils comme Google Street View est indispensable. Cela permet de repérer des dangers invisibles sur la carte, comme un chemin de terre non adapté, une route dégradée, ou des travaux récents.
Quelle est la différence entre un roadbook détaillé et minimaliste ?
La différence fondamentale réside dans le niveau d’autonomie laissé au pilote. Un roadbook détaillé (type rallye) guide le pilote à chaque intersection, réduisant sa charge de navigation mais augmentant la responsabilité du créateur. C’est idéal pour la précision et les groupes hétérogènes. Un format minimaliste (carte surlignée avec points de passage) privilégie l’exploration libre et l’autonomie, mais il s’adresse à des motards expérimentés et peut plus facilement mener à des erreurs de parcours ou exclure les débutants qui ne sont pas à l’aise avec la navigation.